Pourquoi cette directrice de crèche refuse désormais d'accueillir des enfants en-dessous de cet âge?

Il y a quelques temps je visitais une école Montessori avec la directrice et son assistante. L’école était à l’origine une maison ancienne rénovée, avec de grandes fenêtres et s’organisait sur plusieurs demi-niveaux.

On montait les nombreuses marches de l’école tout en discutant et on s’arrêtait à chaque palier pour dire bonjour aux enfants dans leur salles respectives, les observer un instant, tout concentrés qu’ils étaient à utiliser le matériel didactique mis à leur disposition sur des étagères en bois.

À un moment on est passé à côté d’un dortoir avec de très jeunes enfants qui n’avaient pas l’air d’avoir plus de deux ans. J’ai interrogé les éducatrices sur ces bambins.

Elles m'ont expliqué qu’elles avaient choisi d’accueillir ces enfants cette année-là mais qu'elles ne répéteront pas l’expérience. Ils pleuraient beaucoup et ne s’intéressaient pas aux activités proposées, tristes et anxieux d’être séparés de leurs parents. « L’année prochaine nous accueillerons des enfants âgés d’au moins trois ans. »

Ameni, cette maman bienveillante mais un peu stressée, que j’ai prise en exemple dans cet article, ne supporte pas d’être « laissée seule » ou de « laisser son mari seul ».

Les 5 pièges de notre éducation

Le signe que vous êtes pris.e au piège? Vous avez de la difficulté dans vos relations...notamment celle avec votre enfant! Découvrez comment vous libérer de ces 5 conditionnements éducatifs (très répandus).

Entrez votre Prénom et votre adresse Email ci-dessous pour découvrir ces 5 Pièges et comment s'en Libérer avec 10 Leçons de Sagesse recueillies dans une Conférence incontournable de Thomas d'Ansembourg :

Si elle sort il faut que ce soit en compagnie de son mari, sinon elle culpabilise car elle a l’impression de l’abandonner. De même, si son époux sort sans elle, elle souffre et se sent délaissée.

Quand elle avait deux ans ses parents sortaient régulièrement dîner chez des amis et dormaient là-bas. Ils la confiaient à une baby sitter. Ameni se sentait alors triste, abandonnée par ses parents. Cette blessure est restée gravée en elle jusqu’à l’âge adulte. Elle a eu impact sur sa personnalité, son bien-être, ses relations et sa santé.

Cette blessure, c’est la blessure d’abandon, la même dont souffraient sans doute les petits bambins confiés à la crèche Montessori évoquée plus haut.

Elle est éveillée entre l’âge d’un an et trois ans avec le parent du sexe opposé.

Ameni a souffert d’un manque de communication et d’attention de la part de son père lorsqu’elle était jeune. Il s'absentait beaucoup pour son travail et elle le voyait très peu durant la semaine. Elle avait l’impression qu’il ne s’intéressait pas vraiment à elle. Aussi loin qu’elle se souvienne elle ne s’est pas sentie assez nourrie affectivement.

Comme le dit si bien Stromae : "Tout le monde sait faire des bébés mais personne ne sait faire des papas!"

Ameni s’est créée un masque de dépendante pour cacher sa blessure. Son masque se manifeste par le fait de croire qu’elle ne peut arriver à rien toute seule et qu’elle a besoin du soutien de quelqu’un d’autre.

Ameni a de grands yeux tristes et a souvent le dos courbé, une posture qui s’affaisse, comme si sa colonne vertébrale ne pouvait pas la supporter complètement. Elle souffre parfois de douleurs au niveau du dos. Ses chairs manquent de tonus.

Ameni dramatise le moindre petit incident et agit souvent en victime ou sauveuse. C’est un moyen subtil pour elle de recevoir de l’attention et du soutien.

Elle demande aussi souvent l’approbation des autres avant de prendre une décision. Quand elle est soutenue, reçoit de l’attention, elle se sent aidée et aimée.

Sa plus grande peur, c’est la solitude. « Que vais-je faire seule? Que vais-je devenir? »

Elle est convaincue de ne pas pouvoir la gérer. C’est pourquoi elle préfère croire que tout va bien dans son couple, même si ce n’est pas le cas, plutôt qu’être « abandonnée » ou « abandonner » l’autre.

Elle ressent souvent une grande tristesse, sans comprendre d’où elle vient et pleure facilement. Elle recherche alors la présence des autres pour ne pas la sentir. Parfois elle préfère abandonner la personne ou la situation qui lui « cause » cette tristesse, cette solitude.

Elle a peur de toute forme d’autorité. Elle a peur que l’autre parte, qu’il ne soit pas d’accord, lui dise non, ignore ce qui est dit et elle craint de ne pas répondre aux attentes des autres.

Elle fusionne facilement avec les autres, ressent leurs émotions et se laisse facilement envahir. Elle a tendance à se sentir responsable du bonheur et du malheur de l’autre. Un jour elle se sent joyeuse et un jour elle se sent triste. Parfois elle tombe en dépression.

Inconsciemment Ameni en veut toujours à son père. Ce qu’elle ne sait pas c’est que lui-même souffre de la même blessure avec sa propre mère.

Les mêmes blessures se répètent de génération en génération. Et elles continueront tant qu’on n’a pas vécu nos relations dans le véritable amour.

Après s’être longtemps crue indépendante, Ameni a pris conscience de sa blessure d’abandon.

Elle a aussi remarqué que sa blessure devenait plus importante lorsqu’elle la cachait en portant un masque de dépendante et en agissant en victime.

Ameni a entamé un travail sur elle-même pour soigner sa blessure d'abandon et sa dépendance affective. Elle se sent aujourd'hui de mieux en mieux, même quand elle est seule, et recherche moins l’attention des autres.

Elle a de plus en plus envie d’entreprendre des projets sans forcément attendre le soutien de son entourage et elle est de plus en plus persévérante. La vie n’est plus un drame.

Naturellement gaie, elle s’intéresse vraiment aux autres, bien qu’elle ait parfois besoin de moments de solitude.

Ameni reste humaine, alors dans certaines situations sa blessure d'abandon est réactivée, notamment au contact de ses enfants.

Mais elle arrive à se recentrer de plus en plus rapidement et à être moins en réaction lorsqu'elle se sent blessée. Elle est à l'écoute de ses émotions, notamment la colère et la tristesse, et les accepte complètement.

L'autre blessure d'Ameni liée à sa blessure d'abandon...

« Elle ment. Elle avait dit qu’elle l’avait jeté à la poubelle mais en fait elle l’a caché. » « Je ne veux pas aller chez la coiffeuse. Je veux garder mes cheveux longs. La dernière fois la coiffeuse m’a dit qu’elle me couperait juste les pointes mais elle a menti : elle a presque tout coupé. »

Ameni a cinq ans quand elle tient ce discours. Si vous vous souvenez, sa blessure d’abandon est apparu quand elle avait deux ans.


Pour ne plus souffrir d’abandon elle a caché cette blessure par un masque de dépendante, masque qu’elle porte toujours à l’âge adulte mais dont elle a pris conscience et qu'elle prend le temps de soigner.


Elle se rend compte aujourd'hui que ce masque ne fait en réalité qu’empirer sa blessure d’abandon car il ne lui permet pas de la regarder en face et de la soigner.


Vers cinq ans Ameni a développé une nouvelle blessure directement liée à la première.


La première blessure, celle d’abandon, est apparue parce qu’elle ne se sentait pas vue ni vraiment aimée par son papa. « Comment un papa qui aime son enfant pourrait-il l’abandonner chez une baby-sitter? »


Alors Ameni a décidé de gagner son amour. Elle a tout fait pour lui faire plaisir, attirer son attention, être « sage » et « gentille ».


Mais ça n’a rien changé. Son papa est même devenu plus distant, indifférent à elle avec le temps.


Parfois il lui fait une promesse, comme celle de lui acheter un cadeau lorsqu’il sort faire les courses, mais ne tient pas sa promesse.


Au fil des mois et des années une grande colère s’est emparée d’Ameni « Je fais tout pour être la meilleure fille possible mais il ne m’aime toujours pas comme j’aimerais et en plus je ne peux pas vraiment lui faire confiance. »


Cette colère est la manifestation d’une nouvelle blessure, la blessure de trahison. Ameni, qui se sentait au début seulement abandonnée par son papa se sent maintenant en plus trahie par lui.


Une nouvelle fois, la souffrance est trop forte.

Ameni essaye tant bien que mal de la cacher et de se protéger avec un nouveau masque, une carapace de force dont elle est convaincue qu’elle la protègera de l’abandon ou de la trahison, le masque de contrôlante.

Elle ne se fera plus avoir. Elle va contrôler pour veiller à respecter ses propres engagements et s’assurer que l’autre tient bien ses engagements envers elle.

En grandissant Ameni va développer un corps qui exhibe sa force et qui montre combien elle est responsable. C’est pourquoi elle a développé un bas du corps plus large que ses épaules. Si elle avait été un homme elle aurait fait l’inverse.

Elle aime bien diriger d’autres personnes et croit qu’elle doit contrôler les autres pour être une chef. Contrôler c’est conduire, gouverner sous l’emprise de la peur.

Elle ne sait pas que c’est l’inverse, que les meilleurs chefs se contentent de diriger les autres et n’hésitent pas à apprendre d’eux. Diriger c’est aussi donner une direction aux autres mais sans la peur et sans vouloir que ce soit fait à notre façon.

Ameni vit difficilement les dissociations, les séparations, notamment quand des personnes de confiance, comme la baby-sitter de ses enfants, la quittent.

Elle a aussi peur d’être reniée car elle assimile le reniement à de la trahison mais ne voit pas le nombre de fois où elle-même « renie » les autres en les éliminant de sa vie. Comme cette amie qui ne répondait plus à ses attentes. « Chatebte 'aleyha bil ahmar »  (traduction : « je l’ai rayé.e avec du rouge ») fait partie de ses expressions favorites.

Ameni est souvent sur ses gardes, surtout avec les hommes, car elle craint de se faire avoir par eux. Elle aime que les choses viennent d’elle et quand l’autre refuse, elle se sent trahie.

Elle n’arrive pas à communiquer clairement et à faire des demandes car elle a peur de ne pas pouvoir convaincre l’autre, d’être manipulée, de passer pour une menteuse, de la colère de l’autre et de sa propre colère, de montrer sa vulnérabilité et de passer pour « faible », de devoir s’engager…

Elle ne réalise pas qu’elle exige beaucoup des autres, notamment au niveau des engagements, mais qu’elle-même a beaucoup de mal à s’engager et à faire confiance à cause de sa peur du désengagement.

Elle a sa propre définition de ce qu’est être responsable. Elle croit par exemple qu’il faut être quelqu’un qui prend des décisions pour être responsable, sinon on est faible et on ne contrôle rien. Or ce n’est pas toujours vrai.

C’est pourquoi quand son fils de six ans lui annonce qu’il ne veut plus aller aux cours d’aïkido mais « préfère rester à la maison à jouer à des jeux de société »…elle prend personnellement ce changement d’avis.

Pour elle c’est de l’indécision…donc de l’irresponsabilité…voire de la trahison car elle confond « aimer » et « faire plaisir à l’autre ».

Aimer, c’est aimer l’autre tel qu’il est, quels que soient ses choix, ses goûts, ses différences, ses changements d’avis…l’aimer sans conditions en réalité.

« Avec tout ce que j’ai dépensé depuis deux ans pour qu’il aille à ces cours et l’aider à prendre confiance en lui…maintenant il ne veut plus y aller? J’ai l’impression de me faire avoir. »

Elle ne voit pas que son fils souffre des mêmes blessures d’abandon et de trahison qu’elle, comme elle-même souffre des mêmes blessures que son propre père.

Son fils allait aux cours d’aïkido seulement pour lui faire plaisir, attirer son attention, être un garçon « gentil » et « sage »…

…Comme elle-même allait aux cours d’aïkido quand elle était enfant, juste pour « faire plaisir » à son père et croyait ainsi être davantage « aimée » - sans en avoir réellement envie.

D’ailleurs son père avait fini par la dispenser d’aller à ces cours en voyant son manque de motivation pour cette discipline…

…Mais elle-même n’arrive pas à s’y résoudre avec son fils et insiste pour qu’il essaie encore et encore malgré son manque évident d’intérêt…

Voyant que sa mère insiste tant pour qu’il continue à se rendre à ces cours - alors qu’il lui a dit clairement qu’il n’en avait pas envie - son fils de son côté se sent non seulement terriblement frustré de devoir faire une activité qu’il n’aime pas juste pour répondre aux attentes de sa mère mais aussi abandonné et trahi.

Ameni parviendra-t-elle à voir qu’elle porte son masque de contrôlante dans cette situation avec son enfant?…

…Qu’elle n’est plus elle-même mais en réaction?

…Prendra-t-elle conscience que sa peur d’être trahie la pousse en réalité à s’attirer des trahisons et à trahir la confiance des autres en mettant le masque de contrôlante?

Et vous, avez-vous souvent peur d’être trahie par les autres, en particulier les personnes du sexe opposé?

Reconnaissez-vous cette blessure / ce masque en vous ou chez des proches?

La blessure la plus archaïque chez l'enfant...

Le sentiment d’être rejetée remonte très très loin dans la vie d’Ameni. En fait elle a commencé à ressentir du rejet quand elle se trouvait dans le ventre de sa maman alors enceinte de quelques mois.

Elle y était au chaud, confortable, recevant tout ce dont elle avait besoin. Nourriture, énergie, chaleur, sécurité. Le jours vaguaient, calmes et paisibles.

Puis un matin elle a ressenti une pression dans sa poitrine, comme si on cherchait à la sortir de cet endroit béni. En réalité ce qu’elle ressentait c’était les émotions négatives de sa mère.

En conflit incessant avec son époux celle-ci était sur le point de divorcer. « Cet enfant dans mon ventre m’empêche de faire ce que je veux. Je le déteste! »

Ces pensées de rejet transformées en émotions toxiques envahissaient ce petit être qui ne comprenait rien à ce qui se passait. Tout ce qu’il savait c’est qu’on l’avait aimé un jour mais qu’on ne l’aimait plus et qu’on voulait se débarrasser de lui.

Il ne savait pas comment il le savait mais toujours est-il que sa mémoire archaïque a tout gardé en archives, y compris la croyance « Je n’ai pas le droit d’exister dans mon être et ce sera toujours ainsi. »

Pour éviter de souffrir du rejet, une des blessures les plus douloureuses qui soient, Ameni a développé le masque de fuyante.

Elle a alors cherché à prendre le moins de place possible dans le ventre de sa mère puis plus tard dans le monde extérieur. Son corps s’est contracté, replié sur lui-même afin de ne pas être trop visible, comme s’il voulait disparaître.

Quand elle porte ce masque en croyant qu’il la protègera, Ameni n’est plus vraiment elle-même.

Ce masque la porte à fuir la situation ou la personne avec laquelle elle a peur de vivre du rejet, car elle a peur de paniquer et de se sentir impuissante.

Il la convainc de devenir la plus invisible possible en se retirant à l’intérieur d’elle-même, en s’auto-censurant pour ne pas se faire rejeter davantage par l’autre...pour ne plus vivre ce genre de situation :

Il lui fait croire qu’elle n’est pas assez importante pour prendre sa place et exister au même titre que les autres.

Enfant, Ameni vivait le plus souvent dans un monde imaginaire. C’était une enfant à l’apparence plutôt « sage » et « tranquille », faisant le moins de bruit possible. Elle s’amusait seule dans son monde et se plaisait à jouer avec sa maman Espagnole imaginaire.

Elle croyait que si elle vivait dans son monde elle ne souffrirait plus car elle ne se rejetterait pas et ne serait pas rejetée par les autres.

Parfois elle se cachait très longtemps derrière les rideaux du salon, espérant qu’on se rendrait compte qu’elle existait et essayant de se le prouver à elle-même.

Comme son masque de fuyante lui donnait un aspect petit et fragile, sa maman pensait qu’elle devait la surprotéger. « Tu es trop petite pour faire ça. » est la phrase qu’elle a le plus entendu d’elle. Bien sûr Ameni croyait ce que sa mère lui disait et se sentait rejetée dans ses capacités, pas acceptée comme elle était.

C’est pourquoi elle est restée longtemps petite, croyant qu’être « étouffée » c’était être « aimée ». Plus tard elle fuira et rejettera toute personne qui l’aimera par peur d’être de nouveau étouffée.

Ameni ne s’est pas donnée le droit d’être une enfant et s’est forcée d’être mature rapidement, croyant qu’ainsi elle sera moins rejetée. C’est pourquoi, même à l’âge adulte, son corps ressemble encore à celui d’une enfant.

Ameni évite tout ce qui est matériel, argent, possessions…car elle pense que les « choses » l’empêchent de fuir. Elle ne prend aucun plaisir à faire du shopping par exemple et préfère tout ce qui spirituel et intellectuel.

Elle se coupe de sa sexualité pour cette même raison, croyant que la sexualité interfère avec la spiritualité.

Ameni se croit nulle, sans valeur, bonne à rien, inexistante et cherche par tous les moyens à être parfaite pour se valoriser à ses propres yeux et aux yeux des autres.

Elle se sent surtout sans valeur au contact de sa mère qui souffre elle-même de la blessure de rejet et projette sa blessure sur sa fille en l’encourageant à fuir.

Comme lorsque sa fille est venue la visiter durant une période inhabituellement longue. Elle s’est alors écriée « Je croyais m’en être débarrassée la dernière fois... grrrr la voilà de retour! »

L’amour déçu d’Ameni pour sa mère, qui ne l’a jamais acceptée ni accueillie, s’est transformé peu à peu en haine, à cause de la trop grande souffrance intérieure engendrée.

Ameni a tendance à s’isoler, rester seule, par peur de recevoir trop d’attention et perdre ses moyens car elle a peur de prendre trop de place. Or sa plus grande peur est la panique.

Elle s’efface lorsqu’elle est dans un groupe et croit qu’elle doit subir des situations désagréables sans réagir. Quand elle est choisie elle se rejette elle-même et finit par saboter la situation. Et lorsqu’elle n’est pas choisie elle se sent rejetée par les autres.

En fait Ameni vit du rejet parce qu’elle se rejette elle-même. Personne ne peut en réalité nous rejeter sans notre accord.

Ce qui empêche Ameni de communiquer clairement et de faire des demandes c’est la peur de ne pas être intéressante, d’être perçue comme nulle et sans valeur, d’être incomprise, de paniquer, que l’autre ne l’écoute que par politesse.

La blessure d’Ameni l’empêche non seulement d’être elle-même mais a créé un blocage en elle qui a fini par engendrer toutes sortes de maladies comme des problèmes respiratoires, gastriques, des allergies, des problèmes de peau, des dépressions…

Ameni a aussi échappé de peu à un cancer, maladie souvent associée à la rancune et à la haine causée par une douleur vécue dans l’isolement. Se donner le droit d’haïr sa mère et de s’avouer qu’elle lui en a voulu (sans s’accuser elle-même d’être méchante et sans coeur) l’a aidée à éviter de développer cette maladie.

Aujourd’hui Ameni a pris conscience de sa blessure de rejet et de son masque de fuyante. Elle se laisse de moins en moins dirigée par ses peurs. Elle a accepté cette blessure et le fait que ce masque l’a aidée jusqu’ici à survivre et à s’adapter à son environnement familial.

Elle développe de plus en plus de compassion, d’amour, de patience et de tolérance envers elle-même. Elle prend aussi de plus en plus sa place et ose s’affirmer. Elle se sent bien dans sa peau, même quand certaines personnes semblent avoir oublié qu’elle existe. Elle a de moins en moins peur de vivre de la panique.

Parfois elle vit encore du rejet, comme lorsqu’elle propose à ses filles de passer du temps avec elle et que celles-ci, trop occupées par leurs jeux, déclinent vivement son invitation.

Il lui arrive alors de réagir en portant un masque de fuyante avec elles, pour s’apercevoir un peu plus tard qu’elle a sur-réagit et que ses filles n’ont pas eu l’intention de la rejeter mais étaient simplement absorbées par leurs propres activités.

« Tant mieux si elles s’amusent sans moi. Ce n’était pas contre moi personnellement si elles se sont enfermées et ne se sont pas jointes à moi, c’est juste qu’elles ont leurs propres jeux et jardin secret. Je sais que je suis une maman assez cool. Je vais pouvoir de mon côté bouquiner ce livre passionnant qui traîne sur ma table de nuit depuis des semaines. On aura d’autres occasions de faire des activités ensemble. »

Aux temps pré-historiques, être rejeté signifiait souvent la mort…car comment survivre sans sa tribu, si on s’en faisait rejeter, avec tous les dangers environnants?

C’est pourquoi l’enfant vit le rejet avec beaucoup de souffrances et de difficultés.

Aujourd’hui et en tant qu’adulte, les enjeux du rejet sont bien moins terribles mais beaucoup d’entre nous avons gardé nos réflexes archaïques face au rejet.

Nous avons tendance à prendre personnellement le rejet de l’autre. En réalité le rejet ne concerne que son auteur et nous ne pouvons pas être rejeté à moins d’être d’accord.

Comment pouvons nous être rejeté.e lorsque nous avons développé de l’amour et de la compassion envers nous-même?

Prenons soin de nous...Donnons-nous en premier tout cet amour qui est en nous et que nous méritons aussi amplement. ♥

C'est pas juste!

« Maman, c’est un secret !! » s’est écriée Soukeina avant de claquer la porte.

Ameni n’en croit pas ses yeux, les larmes au bord des cils, prêts à couler.

Cette porte qui se ferme devant elle, c’est toute sa vie…

…toutes les fois qu’elle a essayé d’être une bonne fille pour sa mère en l’aidant dans la cuisine, les tâches ménagères…espérant que cette fois elle l’acceptera et l’aimera.

Mais sa mère demeurait fidèle à elle-même, tantôt froide et indifférente, ne semblant même pas remarquer les efforts désespérés de sa fille pour se faire aimer d’elle…

…tantôt déclarant, avec un sourire de satisfaction à peine masqué, « Tu viens de faire une grosse bêtise en te disputant avec ta soeur. Tout ce que tu as fait de bien avant vient de tomber à l’eau! »

Les larmes d’Ameni laissent très vite place à la colère. « C’est vraiment injuste ce qu’elles viennent de faire, avec tout ce que je fais pour elles. Des ingrates, mes filles! »

Le sentiment de rejet d’Ameni a cédé la place à un profond sentiment d’injustice. Comme avec sa mère autrefois.

Injustice de ne pas pouvoir s’exprimer et être elle-même, de ne pas pouvoir vivre son individualité.

Injustice devant la froideur de sa mère, son autoritarisme, sa sévérité, ses fréquentes critiques, son intolérance…

…Ameni a fini par se couper de sa sensibilité (et c’est une grande sensible!), ne plus la montrer par peur de souffrir. Elle croit et fait croire aux autres que rien ne la touche, ce qui la fait paraître froide et insensible.

En évitant de parler à coeur ouvert avec ses filles sur ce qui venait de se passer, croyant ainsi se protéger de vivre du rejet, Ameni a aussi brandi un autre masque pour ne pas souffrir d’injustice…le masque de rigide.

Sans même s’en rendre compte le visage d’Ameni est devenu froid, son corps raide, sa mâchoire crispée, son ton brusque, sec, mécanique…ses bras se sont croisés pour bloquer la région du plexus solaire et ne pas sentir. Pourtant sa plus grande peur est la froideur et elle a dû mal à l’accepter, autant chez elle que chez les autres.

« On ne ferme pas la porte comme ça au nez de sa mère, ça ne se fait pas. J’essaie d’être toujours disponible pour vous malgré tout ce que j’ai à faire dans la maison, de vous proposer des activités à faire ensemble et c’est comme ça que vous m’accueillez? Vraiment ce n’est pas du tout gentil ni respectueux! »

À cause de son masque de rigide, Ameni est très exigeante envers elle-même, se croyant obligée d’être toujours dans l’action et ainsi faire son « devoir ».

Ameni se permet rarement de se détendre sans se sentir coupable. Elle s’accuse facilement d’être injuste et ressent souvent de la colère et de l’impatience, surtout envers elle-même pour ne pas avoir vu « juste ».

Elle croit devoir se justifier quand elle se repose ou s’amuse car elle pense devoir le mériter. Elle ne connaît pas ses limites et a donc du mal à les respecter car elle ne prend pas le temps de sentir si ce qu’elle fait répond ou non à un besoin réel.

En même temps, elle a du mal à demander de l’aide et fait donc tout toute seule pour que tout soit parfait et donc « juste ». Elle cherche la perfection en tout, ce qui lui fait vivre beaucoup de stress.

Ameni a une définition très personnelle de ce qui est juste ou non. Par exemple elle trouve injuste d’avoir dû aider sa mère en s’occupant de ses frères et soeurs et d’avoir dû être un exemple pour eux en tant que grande soeur.

Elle n’a pas conscience que c’est sa blessure d’injustice qui attire ce genre de situations « injustes ». À cause de son masque de rigide Ameni s’est en réalité crée de nombreuses obligations, en cherchant sans cesse à se contrôler, à s’imposer des choses sans que cela ne réponde véritablement à un besoin…

…par exemple par comparaison avec les autres, ces mamans « parfaites » qui s’affichent sur Instagram avec des enfants « parfaitement heureux » et un air de « petit génie »…

Que s’est-il passé aujourd’hui avec ses filles?

En voulant être une mère parfaite qui-fait-tout-parfaitement-dans-la-maison-tout-en-étant-100%-disponible-pour-ses-filles, Ameni ne répond en fait ni à son besoin d’avoir un temps calme, seule, relaxant, pour méditer et lire…ni à celui de ses filles déjà plongées dans leurs jeux et « secrets »…

…ni à son besoin de créer une vraie connexion avec ses filles.

À cause de son masque de rigide, Ameni s’est accrochée à un moyen de combler ce besoin de connexion plutôt qu’au besoin lui-même.

Elle confond rigidité et discipline. En s’accrochant au moyen « passer du temps avec mes filles (tout en pliant le linge) » elle a oublié le besoin « se connecter avec mes filles ».

Or ni elle ni ses filles n’était vraiment disponibles à ce moment-là pour se connecter.

Si Ameni avait été disciplinée (plutôt que rigide) elle aurait d’abord vérifié son propre besoin de solitude et de calme et aurait répondu à ce besoin.

Puis, une fois qu’elle aurait comblé ce besoin et aurait été elle-même réellement disponible elle aurait vérifié si ses filles étaient elles aussi disponibles pour jouer avec elle. Elle aurait su que se forcer est nuisible et ne permet pas de répondre à notre besoin de départ.

Mais le masque de rigide la porte à être injuste envers les autres autant qu’envers elle-même.

Elle est injuste avec ses filles parce qu’elle reporte sa rancune envers sa mère sur elles (et toutes les personnes du même sexe!), les accusant de la rejeter et d’être injustes envers elle.

Elle est injuste envers elle-même parce qu’elle se critique sans cesse et a de la difficulté à voir ses propres qualités et ce qu’elle fait de bien, voit seulement l’erreur ou ce qui n’est pas fait, a de la difficulté à se faire plaisir…

Ameni sait que sa blessure d’injustice ne pourra pas être guérie tant qu’elle ne l’aura pas acceptée et tant qu’elle n’aura pas véritablement pardonné sa mère…

…tant qu’elle ne se sera pas pardonnée elle-même d’avoir été injuste…

…tant qu’elle ne se permettra pas d’être moins perfectionniste, de faire des erreurs sans vivre de colère ni se critiquer, de montrer sa sensibilité sans peur du jugement des autres…

Et vous, avez-vous aussi du mal à écouter vos véritables besoins et à vous laisser aller, ce qui entrave parfois votre relation avec vos enfants?

Reprenons le récit d’Ameni là où nous l’avons laissé...


Amani s’affale finalement sur le sofa avec son smartphone et un paquet de gâteaux, mi en colère mi déprimée.

Bien qu’elle soit de plus en plus consciente que sa mauvaise humeur ne provienne pas du fait que ses enfants soient « difficiles » mais de ses propres blessures non guéries, Ameni se sent dépassée. Au bord du burn out.

« Sobhanallah…tout refait surface! »

« Il faut que j'arrête de manger toutes ces sucreries et d'aller sur les réseaux sociaux...je ne peux vraiment pas m'en empêcher…j’ai honte d'avoir si peu de volonté. J’ai l’impression de grossir à vue d’oeil! »

En fait Ameni a besoin de travailler au niveau de son âme plutôt qu’au niveau de son physique en cherchant à se contrôler pour ne pas grossir…

Ameni a besoin de se libérer de sa blessure d’humiliation…

…celle qui la pousse à mettre un masque de masochiste en se punissant elle-même dès qu’elle se fait plaisir, s’amuse ou profite de bonnes choses.

Car plus elle se punit en s’accusant de trop profiter des bonnes choses, plus son corps « profite » en prenant du poids.

Quand elle n’est pas elle-même mais qu’elle porte son masque de masochiste, Ameni s’arrange pour ne pas avoir le temps de se faire plaisir…ou ne pas trouver de plaisir dans ce qu’elle fait.

Par exemple elle va manger ou regarder la télévision debout car s’assoir serait selon elle de la paresse…ne pas être une bonne mère…ne pas faire son « devoir ».

La blessure d’humiliation est née chez Ameni quand elle avait deux ans. Elle avait arrêté de porter des couches depuis peu et en était très fière.

Un jour, alors qu’elle jouait dans le jardin, elle a eu soudain une envie urgente d’uriner mais elle était malheureusement trop loin du pot, qui se trouvait à l’intérieur de la maison. Alors elle s’est laissée aller sur la terrasse.

Ses parents, en voyant la flaque au milieu de la terrasse, se sont mis à rire et à filmer leur fillette, qui, mortifiée de honte, devait répondre, face à la caméra, qu’elle avait fait pipi au milieu de la terrasse…

Inconscients des sentiments de honte, d’humiliation, de mortification, d’abaissement, de dégradation, de dégoût, de comparaison suscités chez leur fille, les parents ont continué longtemps à rire de cet épisode, à le montrer et à le raconter à qui voulait bien l’entendre…

D’autres circonstances comme celle-ci ont éveillé la blessure d’humiliation de l’enfant, qui n’a fait que prendre de l’ampleur avec le temps.

Ameni s’est alors créée le masque de masochiste pour ne plus vivre la douleur liée à l’humiliation.

Quand elle porte ce masque, elle trouve du plaisir à souffrir, recherche la douleur et l’humiliation de manière inconsciente.

Elle fait en sorte de se faire mal ou de se punir avant que quelqu’un d’autre puisse le faire.

À cause de ce masque, Ameni se croit malpropre, sans coeur, indigne d’être aimée, reconnue…moins bien, moins rapide que les autres.

Elle en prend aussi beaucoup sur son dos et se place dans des situations où elle doit prendre soin de quelqu’un d’autre…tout en s’oubliant.

En s’occupant de tout faire pour les autres, Ameni se crée des contraintes et des obligations.

Elle croit qu’ainsi elle ne leur fera pas honte mais elle se sent souvent humiliée car elle a le sentiment qu’on abuse d’elle.

Ameni se sent rarement reconnue pour tout ce qu’elle fait, se sent comme une servante.

Elle n’a pas conscience qu’en faisant tout pour les autres elle les humilie en leur faisant sentir qu’ils ne peuvent pas y arriver seuls.

Elle a besoin de savoir qu’elle est spéciale et importante telle qu’elle est, qu’elle n’a à le prouver à personne.

Qu’elle n’a pas besoin de prendre autant de place dans la vie de ses proches, d’avoir peur d’avoir honte d’eux ou d’elle-même.

Ameni a besoin d’exprimer ses vrais besoins et ce qu’elle ressent vraiment. Depuis qu’elle est enfant elle n’ose pas en parler de peur d’avoir honte ou de faire honte à quelqu’un. Ses parents ont souvent utilisé l’expression « le linge sale en famille » et elle devait tout garder pour elle.

Ameni a cherché également toute sa vie à plaire à ses parents, se coupant de ses propres désirs. Hypersensible, elle continue à tout faire pour ne pas les blesser et se croit responsable de tout ce qui pourrait le faire.

Elle est consciente de ses besoins mais ne les écoute pas, préférant être à l’écoute des besoins et des humeurs des autres.

Ainsi elle ne fait que renforcer se blessure d’humiliation.

Elle se sent humiliée de la moindre petite critique à son égard. En même temps elle s’abaisse souvent en riant d’elle-même pour faire rire les autres. Elle se blâme souvent et se sent coupable pour tout.

La liberté est une valeur importante pour Ameni.

Elle en a souvent été privée par ses parents, étant jeune. Elle ne pouvait pas sortir comme elle le souhaitait, voir ses amis en dehors de l’école et on lui donnait de nombreuses responsabilités à la maison.

Aujourd’hui Ameni croit que si elle est libre, s’occupe surtout d’elle-même, alors elle ne sera plus utile aux autres. Elle a aussi peur de se retrouver sans limites, ce qui la conduirait à faire des choses honteuses.

C’est pourquoi sa plus grande peur est la liberté.

Elle a peur de ne pas pouvoir gérer le fait d’être libre et c’est pourquoi elle s’arrange inconsciemment pour ne pas l’être à travers les contraintes et les obligations qu’elle s’impose.

Elle confond liberté et contrôle. Elle a l’impression d’être libre en s’occupant des autres - en contrôlant. En réalité elle s’emprisonne.

Ameni a besoin de reconnaître à quel point elle a eu honte d’elle-même et des autres et à quel point certains ont pu avoir honte d’elle.

Elle a besoin de prendre conscience des fois où elle s’est humiliée elle-même en s’abaissant et en se sentant indigne.

Le début de sa guérison serait de reconnaître et d’accepter sa blessure d’humiliation…

…de rire de toutes ces situations de honte…

….de prendre conscience de sa tendance à prendre sur son dos les engagements et les responsabilités des autres…

…de pardonner et d’avoir de la compassion pour ses parents, en particulier celui qui souffre de la même blessure d’humiliation…

…de prendre le temps de vérifier ses propres besoins avant de dire oui aux autres…

d’arrêter de se créer des limites toute seule et d’oser faire des demandes sans se croire dérangeante…

…de ré-apprendre à se faire plaisir tout en admettant sa nature généreuse, serviable et altruiste.

Et vous, reconnaissez-vous cette blessure chez vous ?

Il nous faut du temps pour accepter certaines blessures comme l’humiliation...

Je pense qu’elle est plus marquée dans certaines cultures…vous souvenez-vous du Syndrôme de la Généreuse Mama (Stressée)?

En conclusion...

Et vous, vous reconnaissez-vous un peu dans Ameni?

La description de ces blessures et de leurs masques font-ils écho chez vous?

Les avez-vous reconnus en vous-même ? En votre enfant?

Connaître ces blessures nous aide à en guérir mais nous aide aussi à voir certains comportements « déplaisants » chez les autres (et chez nous-mêmes!) avec moins de jugement et plus de compassion. Qu’en pensez-vous?

N'oubliez pas que vous êtes une personne adorable...telle qu'elle est...vous n'avez rien à prouver à personne!

Faites simplement de votre mieux et faites ce qui vous donne de la joie.

Pour moi la vérité se trouve dans la joie. La joie d'être soi-même et de faire ce qu'on aime.

La joie d'apprécier ce qu'on a...la joie d'aimer l'endroit où on se trouve. Maintenant (Pas demain).

J'espère que vous avez aimé cet article sur les 5 blessures de l'âme qui empêchent d'élever son enfant dans la bienveillance.

Pour aller plus loin, je vous recommande la lecture des livres de Lise Bourbeau "Les cinq blessures qui empêchent d'être soi-même" et "La guérison des cinq blessures" (dont je me suis inspirée pour écrire ce post). 

 Je ne partage pas certaines des croyances personnelles de l'auteure comme la réincarnation, le "dieu intérieur", etc...

...mais je trouve vraie sa description des blessures et efficaces ses conseils de guérison...l'observation aidant 🙂

N'hésitez pas à partager votre expérience ou vos impressions dans les commentaires !

Ainsi que cette infographie à tous ceux qui ont auraient besoin :

Laisser un commentaire?