Récemment je parlais d’une maman qui avait des difficultés à poser des limites à son enfant et qui ne se sentait plus à la hauteur. En décortiquant un peu son discours on pouvait deviner l’enfant en elle qui, carencé affectivement, manquait cruellement de confiance en lui, ce qui avait un impact douloureux sur l’adulte qu’elle était devenue.

Le manque de confiance en soi remonte loin, loin...à l’enfance. C’est là qu’elle se construit (ou se détruit). Si elle n’est pas solidement enracinée, alors c’est un travail profond sur soi qu’il faudra mener à l’âge adulte. Bismillah

Avoir confiance en soi, c’est se connaître, croire en son potentiel et en ses capacités. Cela dit comment ça se construit la confiance en soi?


Je dirais avant tout à travers les interactions de l’enfant avec son environnement. Si ces relations sont positives, chaleureuses, respectueuses, il se sentira en sécurité (émotionnellement et affectivement), aimé, et pourra alors construire cette confiance petit à petit…sur un terreau solide.

Faire des câlins à son enfant, lui dire souvent « je t’aime », l’appeler par de jolis noms, lui parler gentiment (et parler gentiment de lui aux autres), avoir de la considération pour lui, tout cela lui envoie le message « je t’aime et tu es digne d’être aimé ».

En intégrant ce message à travers ces intéractions nourrissantes il finit naturellement par s’aimer lui-même…étape cruciale dans la construction de la confiance en soi.

Cette forme d'amour qui donne des ailes à l'enfant et contribue à lui donner confiance en lui

Alors qu’ils s’installent dans la voiture, Mina, qui vient d’avoir quatre ans, demande à son papa : « Papa, est-ce que tu m’aimes? » Son père étonné s’exclame : « Mais bien sûr que je t’aime ma chérie! Tu le sais bien! »

« Mmm…mais…est-ce que tu m’aimes quand tu es fâché? » « Oui! »

Mina, l’air peu convaincue, répond « D’accord, d’accord… »

Adal, âgé de six ans, demande sans cesse à ses parents s’ils l’aiment ou pas. Bien qu’ils lui répondent à chaque fois qu’ils l’aiment plus que tout au monde, il continue de leur poser la même question.

Que cachent ces questions que beaucoup d’enfants se posent?

Bien que la plupart des parents aiment leurs enfants sans conditions, les enfants interprètent certaines de leurs attitudes comme étant une marque de désamour de leur part.

Colère, cris, agacement, punitions, critiques, jugements, autoritarisme...

Il arrive qu’un parent qui maîtrise d’habitude sa colère s’emporte après une journée particulièrement éprouvante.

Il peut se sentir fatigué, blessé ou exaspéré par le comportement de son enfant, par exemple quand celui-ci s’oppose à lui…

Sans même s’en rendre compte l’adulte peut alors adopter une attitude froide, distante ou agressive que l’enfant percevra comme une marque de désamour à son égard…comme si son parent lui retirait subitement son amour.

(alors que c’est justement quand l’enfant dit « non » qu’il apprend à s’affirmer et a besoin d’être rassuré par l’adulte sur sa capacité à s’affirmer et prendre des décisions. D’ailleurs souvent ses « non! » ne sont pas de vrais non et lorsqu’on les accueille avec bienveillance il ne faut pas s’étonner que l’enfant coopère un peu plus tard).

Il peut parfois être difficile de garder son calme, c’est humain.

Ce qu’il faut surtout regarder, c’est l’impact de ces colères, surtout si elles sont disproportionnées et/ou chroniques, sur l’enfant.

Quand les critiques, les cris se répètent dans le temps et que les marques d’affection ne sont pas plus conséquentes, l’enfant commence à douter de l’amour de ses parents envers lui.

Il se sent de plus en plus en insécurité émotionnelle et affective. Or la sécurité (psycho-affective et physique) fait partie des besoins de base de l’enfant. Peu à peu il cesse de s’aimer lui-même car « Si mes parents ne m’aiment pas vraiment c’est que je ne suis pas digne d’être aimé. »

Difficile alors de construire une confiance en soi solide sur des bases aussi fragiles.

Cela dit, comment exprimer un amour inconditionnel à son enfant et contribuer ce faisant à renforcer son estime de lui même? Voici trois conseils :

1/ Complimenter l’enfant sincèrement

Les compliments renforcent les liens. Ils font du bien à l’autre et favorisent son épanouissement et sa confiance en lui. En même temps c’est important d’apprendre à complimenter avec discernement.

Latifa Gallo, auteure du livre « les 50 règles d’or de l’intelligence émotionnelle » conseille notamment d’être spontané.e, désintéressé.e, descriptif.ve en disant exactement ce qu’on apprécie chez l’autre, d’observer avec attention la personne et de s’intéresser sincèrement à elle avant de la complimenter car le manque d’authenticité ne trompe pas.    

En complimentant son enfant on l’aide à connaître ses points forts, ce qui renforce sa confiance en lui. À son tour il saura repérer les points forts des autres personnes et les leur exprimer.

Un défi que je me lance ainsi qu’à vous : s’entraîner à faire un compliment par jour à son enfant / les personnes qui nous sont proches.

2/ Éviter les critiques

Les critiques ont l’effet inverse des compliments sincères. Ils détruisent l’estime de soi et la confiance en soi de l’enfant.

Bien sûr on a parfois besoin de poser nos limites à l’enfant et souhaiter qu'il contribue à notre bien-être en cessant certains comportements qui ne nourrissent pas nos besoins.

Faire alors preuve de tact en se mettant en empathie émotionnelle avec lui, en l'aidant à identifier son émotion / son besoin non comblé, puis en lui exprimant nos propres sentiments et besoins non comblés tout en les assumant comme le recommande Marshall Rosenberg (ça implique d'entrer en auto-empathie avec soi-même afin de les identifier!), sera alors crucial pour que ce soit non destructif pour son estime de lui-même.

C’est important d’exprimer son amour / sa confiance à son enfant même quand son comportement ne nous plaît pas.

Par exemple en lui disant : « Je t’aime tu es mon enfant chéri (je commence par lui donner de la sécurité affective) et en même temps quand je t’entends te moquer de moi comme ça je me sens en colère (j'assume mon sentiment)) car j’aimerais être respecté.e (j'assume mon besoin non comblé), surtout par les personnes qui me sont chères."

3/ Rassurer régulièrement l'enfant sur notre amour

En plus de lui exprimer verbalement notre affection, nous pouvons la lui montrer de plusieurs autres manières qui le rassureront de manière peut-être plus « visuelle ».

Par exemple en lui consacrant un temps juste pour lui…pour discuter avec lui en se mettant à sa hauteur, en l'écoutant avec intérêt, en s'intéressant à ce qu'il fait et aime, en lui posant des questions ouvertes...pour jouer, bricoler ou dessiner avec lui, lui lire des histoires…

Les temps de qualité que nous passons avec notre enfant lui font ressentir l'importance qu'il a pour nous et l'amour que nous lui portons.

Les enfants sont très attentifs aux signes non verbaux comme le ton de la voix, les expressions du visage, notre disponibilité envers eux et ce qu'on fait au quotidien pour leur démontrer notre amour.

C'est également important de faire sentir à son enfant, lui répéter régulièrement qu’il est une personne aimable et adorable exactement tel qu’il est, peu importe son comportement ou ses différences…de vraiment distinguer sa personne de son comportement.

Vous avez d’autres idées pour exprimer / rassurer un enfant sur notre amour inconditionnel?

Comme je l'explique ici, lâcher prise avec son enfant est la première étape vers l'amour inconditionnel.

Parmi les bienfaits de la pédagogie Montessori il y a celui d’aider l’enfant à développer sa confiance en lui et en ses capacités.

Vous avez sûrement déjà entendu cette célèbre phrase de Maria Montessori « Apprends-moi à faire seul ».

Elle a observé que l’enfant avait un besoin vital d’apprendre à faire lui-même les tâches du quotidien comme mettre son pull, ses chaussures, porter son sac à dos… Malheureusement, les adultes autour de lui (avec les meilleurs intentions du monde) peuvent avoir tendance à vouloir se substituer à lui en faisant les choses à sa place plutôt qu’en lui montrant comment les faire, puis de le laisser faire lui-même, tranquillement.

Par exemple l’enfant veut porter un verre d’eau. Le parent va se précipiter pour le porter à sa place ou bien va le stresser en lui disant « tu vas le faire tomber! ». Pire, il peut commencer à lui faire des reproches « tu as fait une bêtise! » s’il le fait effectivement tomber et que le verre se casse.

Le message qu’envoie l’adulte à l’enfant quand il se substitue à lui ou lui fait des reproches c’est « tu n’es pas capable ». L’adulte a oublié que pour apprendre l’enfant a besoin d’expérimenter encore et encore, de faire des « ratés » (qui n’en sont pas en réalité puisqu’ils font partie de son apprentissage).

Au contraire, lorsqu’il lui montre d’une manière claire, une fois ou deux (ou plus si l’enfant le demande), comment mettre son pull, boutonner sa chemise, faire ses lacets, éplucher des carottes, etc puis qu’il le laisse apprendre à faire seul, à son rythme, l’enfant ne pourra que gagner en autonomie, en bonheur et en confiance en soi.

Qu’en pensez-vous? Laquelle des attitudes d’adulte que j’ai décrites vous parle le plus?

Cette erreur qui réduit considérablement la confiance en soi chez l'enfant

Parlons d’une attitude de l’adulte qui renforce la confiance en soi de l’enfant et d’une autre qui est plutôt…un obstacle! Vous en jugerez par vous-même ^^.

Commençons par la plus sympa, celle qui nourrit la confiance en soi de l’enfant, le conforte dans son élan de vie, ses projets et ses initiatives.

Comme l’explique la pédiatre Catherine Gueguen, elle contribue à activer le système de motivation récompense.

C’est quoi déjà le système de motivation-récompense?

En gros, chaque fois qu’on fait quelque chose qui nous fait plaisir, le cerveau est « récompensé » par des endorphines, la molécule du bien-être. Il produit alors de la dopamine, qui aide à avoir du plaisir à vivre, de la motivation et de la créativité.

Je vais l’illustrer par une petite histoire.

Lara est une petite fille pleine de vie, passionnée.

Elle a une imagination fertile. Son grand rêve, c’est guérir tous les petits animaux blessés. Aujourd’hui elle a décidé de le réaliser en fabriquant une machine volante qui portera secours à toutes les bêtes qui ont été percutées par une voiture.

Super excitée elle parle de son projet à sa maman.

Celle-ci l’écoute avec beaucoup d’intérêt. « J’aime ton idée. Je vois que ça te tient vraiment à coeur que tous les animaux se sentent bien. » Puis elle lui pose des questions sur sa machine « Est-ce qu’elle peut voyager d’un continent à un autre? Comment comptes-tu la réaliser? »

Finalement le dernier carton de livraison est élu pour réaliser la machine. Lara a les yeux qui brillent. Elle peint le carton avec ferveur « Là c’est le bouton pour guérir les animaux… »

Sa maman la soutient, l’encourage, tout en la regardant avec bienveillance : « J’adore te voir fabriquer cette invention. Tu dois être super excitée de réaliser ce que tu avais en tête et je vois que tu fais de grands efforts pour y arriver! En plus ça te fait apprendre beaucoup de choses. Comment tu te sens, là? »

Et vous comment pensez-vous que doit se sentir Lara? Joyeuse, motivée, enthousiaste, créative, confiante?

Et au fait, vous avez remarqué quelque chose?

Dans cet exemple la maman a mis en avant tous les points positifs mais n’a émis aucun jugement, ni positif « C’est magnifique, bravo, tu es une grande artiste! », ni négatif « Dommage tu as mis trop de peinture là, c’est du gaspillage. »

Pourquoi les jugements de l’adulte peuvent-ils être destructeurs pour la confiance en soi de l’enfant?

Tout d’abord parce qu’ils l’enferment dans une étiquette dont il lui sera difficile de sortir.

Et lorsqu’on n’est pas jugé, on se donne le droit à l’erreur car on sait que ça fait partie du processus, que ça nous permet d’apprendre, progresser.

Mais que se passe-t-il lorsqu’on a été éduqué à se concentrer sur le résultat et non sur le processus? Qu’on ne nous a pas donné le droit à l’erreur?

On devient perfectionniste (le tombeau de la confiance en soi!) et surtout on fait les choses pour faire plaisir à l’autre, pour être complimenté, pas parce qu’on est naturellement motivé, qu’on éprouve du plaisir à les faire et à apprendre de nouvelles choses.

Et vous? Avez-vous plutôt tendance à juger le résultat de ce qu'entreprend votre enfant / neveu / nièce / petit-enfant (on l’a tous fait je pense!) ou à lâcher prise sur les erreurs qu'il peut faire tout en encourageant ses efforts et son enthousiasme?

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