
Et si, pour aider votre enfant à grandir sereinement, la vraie clé n’était pas de “faire mieux”... mais de regarder autrement ?
Ce que les chats de Bornéo, les neurosciences et Ibn ʿArabî m’ont appris sur les besoins d’attachement des enfants

Je ne m’attendais pas à ce qu’une épidémie de malaria m’aide à mieux comprendre le lien parent-enfant.
Et pourtant…l’histoire qui suit est bien réelle.
Elle pourrait transformer votre manière d’aborder l’éducation, les colères, les séparations…
…et surtout : votre propre charge mentale.
Les chats parachutés de Bornéo (ou comment une "bonne" solution peut aggraver un problème)
Années 50. L’île de Bornéo est frappée par la malaria. L’OMS décide d’agir vite : elle fait pulvériser du DDT sur toute l’île pour tuer les moustiques.
Résultat ? Les moustiques meurent. Mais pas que.
Le DDT tue aussi les guêpes. Or, ces guêpes régulaient la population de chenilles. Les toits de chaume s’effondrent.
Il tue aussi les insectes dont se nourrissaient les lézards. Les lézards, à leur tour, sont mangés par les chats. Les chats meurent… et les rats prolifèrent.
La malaria est vaincue. Mais la peste s’installe.
Pour y remédier, l’OMS envoie…
…des chats vivants parachutés par des avions de la Royal Air Force sur l’île.

Le rapport avec vous ? Hmm…
En tant que maman, papa, éducatrice…
…combien de fois avez-vous, vous aussi, voulu "éradiquer" un comportement gênant chez votre enfant ?
Une crise. Un refus. Une opposition. Un « Je veux pas ! » au moment de prier ou de ranger ses affaires.
Et vous avez peut-être appliqué une solution immédiate. Un cri. Une menace. Une punition.

Ou même une technique « bienveillante » trouvée sur Instagram.
Mais parfois, cette solution — pourtant pleine de bonnes intentions — ne fait que créer un autre problème.
L’enfant n’est pas un moustique.
C’est un écosystème vivant.
Et comme tout système vivant, il est relié à d’autres…
Il évolue dans un écosystème relationnel, émotionnel, spirituel.
Et dans cet écosystème multidimensionnel, le besoin d’attachement est central.

…son agitation de l’ambiance à la maison…
…sa colère de la fatigue non exprimée du week-end…
Et surtout : il n’est pas censé s’attacher à une seule personne.
Et si vous n’étiez pas censé(e) tout porter seul(e) ?
La théorie de l’attachement (Bowlby, Ainsworth…) a longtemps insisté sur le fait que l’enfant devait avant tout être sécure avec sa maman. Mais la recherche a évolué.

Aujourd’hui, grâce à une approche dite systémique, on comprend que l’enfant peut — et doit — tisser plusieurs liens d’attachement significatifs (Stéphanie Pinel-Jacquemin dans la revue Devenir 2012/4).
Grand-mère bienveillante. Père attentionné. Institutrice douce. Tata présente. Amie de la famille.

Tous ces liens construisent un filet de sécurité émotionnel.
Et ce n’est pas tout : il ne suffit pas que ces personnes soient présentes dans sa vie.
L’enfant a besoin de les voir collaborer.
De savoir que les adultes autour de lui parlent ensemble, se soutiennent, posent des limites dans la même direction.
Et Ibn ʿArabī dans tout ça ?
Ce penseur musulman du XIIIe siècle, souvent cité comme "le plus grand maître", nous invite à changer de regard.

Pour lui, chaque être, chaque lien, est un miroir d’un aspect de la réalité divine.
Il ne s’agit donc pas de diviser les choses entre "spirituel" et "éducatif", "Allah" et "moi en train de galérer avec un enfant qui hurle".

Non.
Dans la vision d’Ibn ʿArabī :

Dieu est présent dans le lien.
Le réel n’est jamais linéaire, mais relatif, mouvant, interdépendant.
L’épreuve est souvent une invitation à regarder plus profondément les interconnexions.

Ce que vous vivez avec votre enfant n’est pas une anomalie à réparer, mais un appel à écouter.
Par exemple…
Votre enfant de 5 ans s’énerve quand vous lui demandez de s’habiller. Vous vous énervez aussi.
Ibn ʿArabī vous inviterait à vous demander :
Et si cette résistance était une forme de miroir, une sagesse à entendre ?
Ce n’est pas une fuite de responsabilité. C’est une attitude de lucidité active.
Ibn ʿArabî : une sagesse spirituelle pour comprendre les relations humaines

Dans son tafsîr de la Sourate Yûsuf, Ibn ʿArabî ne nous parle pas de psychologie moderne.
Pourtant il éclaire les mouvements intérieurs qui façonnent nos liens avec une finesse rare.
Il explique, par exemple, que Yûsuf (ʿalayhi as-salâm) représente le cœur pur — le siège de la sagesse, de la connaissance de soi, de la vision.

Ses frères, eux, symbolisent les forces de l’âme : la jalousie, la peur de perdre l’amour du père, l’impulsivité.
Et leur père, Yaʿqûb (ʿalayhi as-salâm), c’est la boussole spirituelle. Celle qui souffre, qui veille, qui attend… mais qui ne perd pas confiance.
Ce que nous montre Ibn ʿArabî ici, c’est que chaque membre de la famille — chaque aspect de nous-même — a une place dans le tout.

L’erreur, ce n’est pas le conflit. C’est l’oubli de l’harmonie entre les parties.
Et si accompagner un enfant, c’était ça : l’aider à organiser ses forces intérieures, en respectant leur nature et en renforçant ce cœur capable de les guider ?
Ce que disent les chercheurs Van Egeren et Hawkins sur la famille comme unité d’attachement
Voici ce que la recherche actuelle révèle sur le co-parentage (que vous soyez en couple ou non) :
- Chaque membre de la famille perçoit l’attachement différemment, selon sa place (aîné, cadet, parent…)
- Plus les adultes sont solidaires, plus l’enfant est stable.
- Le soutien mutuel (même discret) entre adultes renforce la sécurité intérieure de l’enfant.
- Les critiques et contradictions entre adultes (même implicites) ébranlent cette sécurité.
- Le partage des responsabilités (notamment dans les règles) évite au parent principal de s’épuiser.
Bref, la qualité du lien entre les parents (même séparés) a un impact direct sur le sentiment de sécurité des enfants.

Et surtout : plus les adultes collaborent, plus l’enfant se sent en confiance.
Cela signifie que vous n’avez pas à tout porter seule.
Ce que votre enfant attend, ce n’est pas une mère parfaite (spoiler; elle n’existe pas)…
…mais une base de sécurité solide, construite à plusieurs.
Autrement dit, ce que votre enfant ressent — même s’il ne le formule pas — c’est :
Est-ce que les adultes autour de moi travaillent ensemble à prendre soin de moi ?
Un film sur l’enfance du Prophète ﷺ : une fresque d’attachement bienveillant
Cela faisait longtemps que je n’avais pas pleuré devant un film. Il y a quelques temps, j’ai découvert un véritable chef-d’œuvre artistique : des plans magnifiques, des images grandioses, des personnages vibrants… mais surtout, une intensité émotionnelle bouleversante.

Le film « Mohamed, Messager de Dieu » du réalisateur Majid Majidi, retrace la vie du Prophète ﷺ de sa naissance jusqu’à ses treize ans. On peut le télécharger gratuitement sur le site inoor.fr.
Initialement, je comptais regarder « Ar-Risala », n’ayant jamais vu de film sur la Sira jusque-là — seulement lu des livres. Mais ce film m’a appelée. Et le jour de naissance du Prophète ﷺ m’a semblé être le moment parfait pour plonger dans son histoire autrement.
Ce qui m’a profondément touchée, c’est l’environnement humain et spirituel dans lequel il grandit.
Malgré les pertes successives, les séparations, la dureté du monde tribal de l’époque, chaque étape de sa petite enfance est marquée par la présence de figures d’attachement bienveillantes et fortes :
- Sa mère Amina : affectueuse, digne, courageuse — une présence douce et rayonnante.
- Son grand-père Abd Al-Mouttalib : mentor spirituel, confiant dans la destinée exceptionnelle de son petit-fils.
- Son oncle Abou Talib : sage, chaleureux, profondément protecteur.
- Sa nourrice Halima : simple, tendre, ancrée dans la foi et l’amour.

Ce que j’avais compris mentalement à travers mes lectures de Sira, le film me l’a fait ressentir profondément, dans mon cœur. J’ai eu la sensation de vivre l’enfance du Prophète ﷺ, de goûter aux sourires, aux regards pleins de tendresse, aux gestes simples chargés d’amour, aux conversations empreintes de sagesse.
Chaque relation, chaque moment d’écoute, de soin, de jeu ou de silence semble avoir contribué à forger l’âme exceptionnelle de celui qui allait devenir le Messager d’Allah ﷺ.
Comme si Allah avait tissé autour de lui, malgré l’épreuve, un réseau protecteur d’amour, de foi et de lumière.

Ce film illustre ce que l’article tente de transmettre : qu’un enfant n’a pas besoin d’un seul "parent parfait", mais d’un entourage relié par l’amour, la foi et la bienveillance, où chacun joue un rôle unique pour bâtir un être solide, connecté et libre.
Et vous…
Quel film, quel livre sur la Sira du Prophète ﷺ vous a particulièrement touché(e) et a fait grandir votre amour pour lui ?
En conclusion

Chaque chose fait partie d’un tout plus vaste. Et rien n’existe vraiment, si ce n’est Dieu.
L’attachement nous relie…à l’autre, au monde et ultimement au Divin.
"Ṣilat ar-Raḥim" (صلة الرحم), cultiver le lien de rahma (miséricorde) entre proches, est sacré.

C’est peut-être le lieu par excellence de la recherche de la Présence divine, du reflet d’Ar-Rahim dans nos vies.
Mais personne n'a dit que cultiver ce lien serait facile, même s'Il est Capable de tout faciliter SobhanAllah (sinon la récompense n'en serait pas la satisfaction divine).
Ce que vous traversez aujourd’hui a du sens, même si vous ne le voyez pas encore.

Allah Voit votre fatigue, votre anxiété, votre sentiment de solitude parfois.
Et Il vous Aime. Comme vous êtes. Avec vos imperfections. Votre humilité.
Peut-être davantage que ce que vous pouvez imaginer.
Car le plus important ce n'est pas le résultat, mais votre intention et vos efforts dans l'obéissance au Seigneur.
Encore une fois, rappelez-vous : vous n’êtes pas la seule source d’attachement de votre enfant.
Vous pouvez construire une alliance, un cercle qui entoure votre enfant avec douceur et solidité.
Et si on commençait par là ?
Pssss....j'ai créé un outil spécial pour vous.
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