[5 PIÈGES ÉP 2/10] comment écouter son enfant même quand ça peut être assez difficile…
On parlait, dans la première leçon, du piège dans lequel plusieurs d'entre nous étaient tombés : le piège d'en faire de plus en plus dans le but (souvent inconscient) d'être aimé...
...piège symbolisé par l'image du hamster qui court dans sa roue de plus en plus vite...

Thomas d’Ansembourg donne l’exemple d’un jeune qui vient le voir en tant que thérapeute parce qu’il n’arrive pas à parler à son père.
Son père est gentil mais il est pressé et ne prend pas le temps de l’écouter.
À peine le jeune commence à lui exposer son problème qu’il se lève et propose une solution.
Le papa n’a pas appris le discernement ni le langage de la vie intérieure. Il est en mode « action - réaction » !
Le papa quand ça ne va pas il fonce, va de plus en plus vite.
Ça donne :
« Olala, tu es dans la rue?? Et tu fumes des joints? Je croyais que tu étais à l’école!!
Mais tu es en dépression!! Attend j’ai un ami médecin il va te donner du Prozac ça va aller beaucoup mieux ! »
Papa, il résout.
C’est insupportable, insoutenable pour lui ce qui se passe, alors il faut tout de suite résoudre.
Il ne peut pas cohabiter avec la souffrance ou le doute. C’est inhumain alors il faut résoudre : « Pauvre garçon! »
Papa est piégé par la gentillesse.
Il « fait ». Il ne sais pas bien « être ».
Son propre doute lui fait peur, sa propre souffrance, ses propres moments d’hésitation lui font peur.
Les moments où il aurait fallu re-qualifier les priorités il ne les a pas pris.
Quand il était loin de son chemin il ne s’est pas arrêté pour dire « Stop, je me trompe! ».
Il a plutôt foncé pour s’égarer de plus en plus…du coup il ne sait pas écouter l’autre.
Qu’est-ce qu’il faudrait pour que ce papa écoute son gamin?
Il aurait plus ou moins ce genre de discernement :
« Ah bon tu es dans la rue? Tu veux dire que tu ne sens plus motivé par l’école? Ça n’a plus de sens pour toi, là maintenant?
Tu ne vois pas en quoi ça peut te rendre plus heureux? Plus responsable? Plus généreux?
Et tu prends des joints parce que tu trouves que ta vie est un peu plate? Tu aimerais sentir qu’elle est plus intense et plus riche?
C’est ça?
Écoute je suis très touché que tu m’en parles parce que je partage le même besoin que la vie soit riche et intense.
Et en même temps j’ai accepté que dans la vie les moments de doutes, de platitude c’est pas forcément des accidents. C’est peut-être un ingrédient tu vois?
Avant quand un moment de doute arrivait dans ma vie je pédalais de plus en plus vite pour ne pas le voir. J’avais trop peur d’entrer en moi!
Maintenant j’ai appris que s’il y a du doute c’est peut-être que je ne suis plus tout à fait sur mon chemin et qu’il est temps de me réaligner.
Avant quand j’avais peur, je me blindais « je n’ai pas peur! Tout va bien. »
Maintenant si j’ai peur c’est peut-être que je n’ai pas vu quelque chose? Ou que je n’ai pas bien compris quelque chose? Que je vais trop vite (ou trop lentement)?
Donc je m’écoute pour m’aligner.
Si je m’écoute plusieurs jours d’affilés après une peur, angoisse, ce n’est pas rare qu’il y ai une émergence.
Par contre si je ne veux pas voir la peur, alors là ça se maintient et ça dure.
Je te propose qu’on en parle, à l’aise... »
Ils sont où les papas ou les mamans qui ont appris ce langage de la vie intérieure pour tenter de rejoindre l’autre là où il est?
Être avec l’autre en étant présent?
Cheminer pour tenter de voir où il est? Ce qu’il dit? Ce qui est vivant? Sans essayer de l’amener là où je voudrais qu’il soit?
La chose dont nous avons le plus besoin, c’est de présence.
Quand la présence est là c’est quand même sympa : « Tu m’écoutes, tu es présent, même si je te dis que j’en ai plus rien à faire de la vie! »
C’est un mouvement. Je vais
là où l’autre est. Alors il veut bien venir. Peut-être pas exactement là où je suis, mais on se rapproche.
On est loin du faire. On est dans l’être.
Ça ne s’apprend pas dans les programmes scolaires où les enfants sont envoyés très vite dans la petite roulette du hamster qui tourne, de choses à faire en choses à faire.
C’est le premier piège : en étant gentil.le nous sommes habités d’une belle intention mais qui nous fait cumuler, accumuler les choses à faire dans l’illusion que ça va apporter du bien-être aux autres.
(Une partie en apporte effectivement).
Mais à un moment c’est nous-mêmes qui tentons de nous valoriser, d’être reconnu.e, d’être en appartenance, le « bon copain qui donne le bon conseil »...alors qu’au fond ce qu’aurait surtout besoin la personne, c’est d’écoute.
Le pouvoir de l’écoute.
Le simple fait de prodiguer une écoute
non-jugeante, bienveillante, sans attentes à l’autre fait qu’il trouve toutes ses solutions en lui.
Il n’y a aucun conseil à lui donner.
Que pensez-vous de cette belle réflexion de Thomas d'Ansembourg ?
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